Le Silence et L’Abîme, essai de métaphysique gnostique



Connaître se dit iadoa en hébreu, ce qui signifie ‘aimer’, mais dans un monde dénué d’amour peut-il y avoir connaissance ?

L’homme qui a eu soif, SOIF de SOFIa (1), a fait ‘feu’ des quatre pieds. Il s’est évertué de spiritualiser son corps et de corporifier son esprit. En fin de compte, que lui a apporté cette re-Connaissance du Cosmos?
‘Celui qui a reconnu l’univers a trouvé un cadavre, et l’univers n’est pas digne de celui qui a trouvé un cadavre’ (Évangile selon Thomas).
En langage ‘hermétique’, il a tenté de ‘fixer le volatil’ entre autre et en tant que Tiphered, sixième Séphira (2) de l’Arbre de Vie Kabbalistique, il s’est ingénié à baiser son épouse Malchouth dans son aspect de Shekhinah… Mais le Cœur de l’homme s’est perdu dans le ‘royaume’ de la Terre. Car il n’a pu combler le ‘vide’ du départ puisqu’au départ il y a eu dégradation du Silence-Sigé de l’Abîme-Bythos dans le mutisme et les gouffres.

L’Homme éperdu parce que perdu dans le monde a beau être le médiateur entre le Ciel et la Terre, il est le reflet loupé de quelque chose de plus qui n’a pu être incarné.

Miroir brisé entre la lumière et la chair, les éclats destructeurs de ses élans d’amour lui ont déchiré la tête dont les yeux exorbités pendent à présent à l’intérieur de son corps.

Et la Femme lunaire et inconsciente a précipité sa Chute. La ‘Mère divine’ s’est éventrée en accouchant de l’Homme. Les dieux sont morts. L’intuition supérieure de la Perfection passive (Kouèn) de la Femme s’est enterrée dans la Terre (Ti) de son sexe, caverne béante qui lui mange aujourd’hui le visage ne serait-ce que par l’importance de son absence. Alors son Vagin brûlant, réceptacle des forces de Vie et de Mort, ne communique plus avec le cosmos puisqu’il s’est fissuré au cours des âges, laissant s’écouler inconsidérément le Sang vital. Ce qui a précipité la dégénérescence des principes masculins et féminins dans leurs manifestations…

Ainsi, toute Queste du Graal court à l’échec : le Vase est fêlé!

La Toison d’Or est brûlée puisque la Vallée est inondée!

Et l’être tombé dans le Malheur, perdant l’équilibre du Plérôme d’où il a chaviré, n’est pas retombé sur ses pieds : il s’est abattu sur la tête ! Seul avec SA mort il a glissé dans le Marécage de l’imperfection passive…

Heureux ceux qui ne ressentiront pas ce Manque-Kénôme!

Si l’homme est à l’Epée ce que la Femme est au Vase, toute la tragédie du monde se réalise et se réactualise dans le drame de l’épée qui trempe ou qui a trempé mais alors elle sèche et la ‘Voie Sèche’ alchimique est dangereuse, dans la Boue qui suinte de la Vulve déchirée sur la Terre des vivants. Shiva sans sa shakti est un cadavre. Mais celui qui a trouvé un cadavre n’a-t-il pas trouvé l’univers?

Si l’homme lucide est descendu au Centre de la Terre pour atteindre le Cœur du Ciel (Tiphered) qu’il doit assumer, il a, en fait, débouché au ‘Milieu du Ciel’ astrologique, en plein dans le monde social, de la profession, de la prostitution… dans les Ténèbres et la Peur!

La lumière séparée des Ténèbres a tenté d’y retourner mais elle n’en est pas ressortie… Dans les multiples facettes de l’existence, il se trouve que les AEONS sont les ‘éternelles’ sphères du Micro-Macrocosme dans lesquelles sont emprisonnés les hommes, captifs de leur liberté.

Dans les Ténèbres, la combustion de l’homme au Feu nébuleux originel! ‘Qui m’a jeté dans la douleur du monde?’ (Ginzâ de Gauche).

Dans un monde clos et un espace courbe, nulle brèche ne peut être pratiquée sinon par auto-suggestion. Nul trou dans le mur ne peut être percé… petite place au soleil dans la société ou au Paradis des illusionnés. La plupart des doctrines dites ‘ésotériques’ entretiennent des espoirs fallacieux et séduisants sur lesquels viennent s’agglutiner les mouches humaines. Par de faciles messages et un jargon qui se veut code de désoccultation et de révélation, les êtres influençables CROIENT franchir la ‘porte de salut’ reliant le Visible à l’Invisible !

Alors que l’Absolu est l’Aïn-Soph/Ungrund indicible, inintelligible aux hommes puisqu’étranger au monde abandonné.

La Limite ! L’Eon Horos, voilà la malédiction !

La limite, c’est le temps et l’espace. La limite, c’est le corps. La limite, c’est la croix… Et même l’homme qui s’est crucifié, s’amputant d’une partie de lui-même, ne s’est pas dépassé dans cette destruction. Il ne sera pas régénéré des vivants.

Si l’être créateur, allogène et allergique au monde, s’est auto-sacrifié en demeurant dans le monde, son voyage sera son cercueil où il évoluera encore vivant mais ‘demeuré’, sans pouvoir mourir au passé…

Il y a peu de chance qu’un Navire à la dérive puisse accoster à l’Ile au Trésor… Encore faut-il qu’il ne coule pas avant !

Trempé de sang et de vin, de sperme et d’amertume, le gnostique loin des humains perçoit les écorces enveloppant son être qui sont le clivage des cieux en sept niveaux.

Anarchiste sans révolution, hérétique sans religion, suicidaire jamais suicidé, éveillé jamais illuminé, il erre dans le monde en éternel ETRANGER. Ayant laissé tomber ce monde qui ne pouvait le supporter, il fait le vide autour de lui bien qu’il attire l’attention de quelques ‘curieux’. On le quitte dès qu’on le rencontre. Il ne ‘séduit’ pas quoique il ne ‘distrait’ pas.
Il lui faut abattre la tyrannie des archontes, ces gardiens des sphères astrales, en les utilisant… Tout Eon est un vêtement à déchirer dans le viol par amour.
Au cours de ce voyage cosmique à l’intérieur de lui-même, de rues en montagnes, le gnostique est à la recherche de Sophia perdue dans l’impureté de la Matière.

Sophia qu’il ne faut pas confondre avec l’Eau dormante à laquelle on ne peut se fier… Sophia qu’ils ont emprisonnée de l’autre côté de nos corps ! Pour toi il a jeté son sperme et ses larmes dans sa Terre première! Pour toi il a même éjaculé par compassion dans n’importe quel Val profond ! Mais nul signe n’est apparu… De faux indices ont égaré l’errant sur de multiples pistes. En attendant, le destin-moïra est un boomerang de la douleur refusant l’oubli-létho par la traversée de l’Onde Noire qui pourrait être la seule mer à boire…

Il y a autant de ‘gnoses’ que d’approches différentes. Pour un plus ample approfondissement de celle dont il est question ici, le schéma métaphysique ci-joint n’est pas une simple ‘vue de l’esprit’, c’est une projection de la conscience dans l’espace, une vision qu’il va falloir cerner, une ontologie génétique que le lecteur doit déchiffrer.

Nous verrons qu’entre l’infini divin infondé et ‘le démiurge de la septième puissance’ contenant tout l’engendré, un ‘mur’ s’est élevé, dû à la Chute de l’Homme (3).

Les douze Eons formant le Plérôme de Simon Le Mage (4) sont mis ici en correspondance avec les douze planètes traditionnelles (5) selon le double sénaire de Simon… Il est dit que les astres forment l’armée du Ciel et de la Terre.

Les Eons planétaires sont mâles et femelles (6), expansions d’une même conscience. Ils sont superposés en sept niveaux zodiacaux où ne joue à chaque degré que les Signes astrologiques mis en action par la maîtrise des planètes domiciliées dans leurs Eons.

Ces niveaux correspondent d’ailleurs aux sept cakras (7) où s’inscrivent les dix Séphiroth de la Kabbalah. Cette échelle de valeurs n’est pas en quelque sorte hiérarchisée. La seule ‘distance’ consiste en la prépondérance du monde lointain et spirituel comprenant les trois premiers couples (8) du premier sénaire sur les trois couples du second sénaire (9).

Chaque couple contient incarné mais rétracté en lui-même, parfois à un degré différent, la Puissance et l’Acte, je veux dire la faculté et sa réalisation. Ainsi, pour aller du virtuel à l’actuel, l’Esprit doit Penser, la Voix dire (10) le Nom et la Raison doit réfléchir ou ‘se’ réfléchir.

Cette liaison, celle des principes Masculins et Féminins, s’exprime sans se cacher comme lorsque SIMON faisait l’amour avec Hélène (11), face à la foule et à la corruption du monde (12).

Toute faculté doit être utilisée. Un apport direct, par la montée et la descente des sphères dans les plans successifs de l’existence, relie le premier sénaire au second. L’Esprit est analogue au Ciel et la Pensée à la Terre. Lorsque la lumière s’est séparée des Ténèbres, l’Esprit vécut le conflit avec la Pensée et l’état de RUPTURE avec le Ciel et la Terre. Ayant perdu ‘l’esprit de la vallée’, l’être fut alors dans son ‘devenir’.

Alors la Voix ne prononça plus le Nom. Et nous savons que ce qui ne peut être nommé n’existe pas. La Voix ne dit plus le Nom et c’est le chaos. Mais un chaos non originel et créateur comme lorsque la Voix n’avait PAS à prononcer le Nom en se dédoublant. Et le Soleil et la Lune furent isolés. Et le Soleil perdit la Lune. Et lorsque je crie ton nom ta voix ne répond pas…

Alors l’intelligence en ruminant a creusé l’écart entre la Raison et la Réflexion qui se dessaisirent de l’Air et de l’Eau. L’Air se rapproche du Ciel et de la Terre, et l’Eau fut en perdition avec son sexe béant dans son ‘fondement’. Et les disques zodiacaux continuaient à tourner comme un manège fou (12)…

Entre le Royaume et la Couronne, entre les Pieds et la Tête, chaque plan intermédiaire unissant le Haut et le Bas correspond à une fonction chez l’homme, à un pouvoir qui dort ou qui agit.



L’Esprit traverse l’ensemble des sphères pour atteindre le Ciel qui ne se situe pas naïvement ‘en haut’ mais vers le bas (13). De même la Pensée, en rentrant en elle-même, doit approfondir la Terre, à la trans-percer après l’avoir perçue.

Les rapports de Noûs/Epinoïa, c’est aussi la similitude de la démesure daïmonique et occulte Kaïd/Pluton qui est celle des Gardiens du Seuil non seulement de l’Eon en question mais du Ciel et de la Terre (14).

Kaïd est le ‘diable de la sphère céleste’, d’où (le cercle tracé sous ses cornes) sa relation avec Ouranos qui entretient le COMBAT par Mars/Bélier entraînant le ‘monde’ de l’Unité-Totalité de la XXIème lame, dans sa régénération par l’apocalypse.

Pluton est le diable de la sphère terrestre d’où (la croix tracée sous ses cornes) sa relation avec Géa et l’AMOUR vénusien en Taureau qui peut offrir ‘l’aide’ du destin, l’Hélène gnostique.

Les affinités et les antinomies Lucifer/Satan sont ainsi représentées. La ‘lumière noire’ luciférienne, spirituelle, éclaire, et les ténèbres plutoniens, matériels, obscurcissent. Kaïd est le CLAIR, Pluton est l’OBSCUR. Le mouvement de ‘la Balance’ va du Plein, ascèse de la XIIème lame : ‘le Pendu’ (l’initié dont l’auto-sacrifice – de Noûs – est impuissant DANS le monde) au Vide des forces d’envoûtement de la XVème lame : ‘Le Diable’ en Scorpion qui attire vers le Bas. Et les oscillations isochrones du Ciel et de la Terre communient dans leurs appétits avec l’Esprit et la Pensée.

L’antagonisme INDIVIDUEL/COLLECTIF d’Uranus/Neptune dans la transmission Phôné/Onoma crée un rapport de flux et reflux avec Hélios et Séléné. Nous voyons l’impulsion (Verseau) du Feu du Ciel (Maison-Dieu) qui bouleverse par Uranus, mais inspire par Neptune en Poissons et ‘juge’ ainsi les hommes.

Consommant l’échec gnostique de la libération de la matière, le signe céleste (XVIème) discerne par ‘Le Jugement’ (15), éveille et révèle la Gnose. La Voix divulgue le Nom au CONSCIENT-Soleil qui s’affirme en Lion et à l’IN-CONSCIENT-Lune qui rêve en Cancer, c’est-à-dire aux harmonies et aux troubles qui se reflètent dans chaque être.

Le couple Logismos-Enthymésis crée un élan entreprenant (Sagittaire) et OUVERT (Jupiter) où ‘la Force’ est l’intelligence qui maîtrise les situations. Puis l’élan se fait compression en se ren-FERMANT (Saturne) dans le dépouillement en Capricorne et dans le XIIIème Arcane.

La Raison aspire à s’élancer dans l’Air mercurien du Jeu insouciant du Fou en Gémeaux errant dans les gouffres. C’est toujours l’échec du gnostique. Echec et mat. Echec du Fou. Tandis que la Réflexion tente de fixer en la canalisant l’Eau qui emporte et qui peut faire sombrer. Dans le TRAVAIL de Cérès en Vierge qui devient ‘Œuvre’ par la transformation initiatique (La Mort), elle réussit parfois son ascension grâce à la conciliation (‘La Tempérance’) des contraires : Alchimie spirituelle.

La circulation des vibrations réciproques entre tous ces Eons qui se donnent la réplique fait fonctionner les inclinations et les rejets respectifs animant toutes les appétences des êtres dans leurs échanges et leurs aspirations, dans leurs sursauts et leurs convulsions.

Pour éviter le triomphe du Malheur ‘Jéhovah-Satan’ (16), il faudrait libérer l’âme emprisonnée dans la chair par la force des mondes inférieurs. L’aide appropriée est le démiurge de la septième puissance, la qualité du NON-ETRE dont les deux attributs sont le Silence-Sigé et l’Abîme-Bythos. C’est ‘l’épée de flamme qui tournoie’ de SIMON, qui met en branle l’Arbre de Vie…

Dans le sperme est l’énergie vitale. Dans le sang est le feu intérieur de l’homme. Ce pouvoir existe en chacun et se nomme aussi Kundalini. Dans la création-destruction de l’ascèse de la jouissance, l’agapê consistera à se fondre dans le premier sénaire en se mettant hors de soi-même. Au niveau matériel, physique, tous les ‘péchés’ sont permis, l’être étant A L’IMAGE du cosmos.
Pour pallier au Manque-Kénôme, l’homme ne peut que tenter de dépasser ses limites… LA limite-Horos. La difficulté suprême de cet itinéraire spirituel réside dans la réalisation actuelle de cette attitude.
Aujourd’hui, à la fin du cycle de l’Age Noir-Kali Yuga, le monde de moins en moins disponible et réceptif sépare toute conjonctio et entrave, étouffe, toute tentative de ‘se tenir debout’. ‘Renoncez au monde et à toute la matière qu’il contient’ recommandait la Pistis-Sophia…

En brûlant le pèlerin d’Absolu qui a osé s’aventurer dans la conquête du Feu, le monde jouit du malheur de l’homme seul. Son dernier espoir serait dans la découverte de ‘son’ Hélène… Mais il ne faut pas que ‘L’Etoile’ se renverse !

Inutile de se bercer d’illusions, le Voile de Maya est un rideau de FER, tout espoir apparaît sans doute utopique mais, bien qu’il coure à un échec certain, à la mesure de sa grandeur, le gnostique tente l’effort de vivre ce parcours d’outre mesure, porté par sa foi-pistis, alimentée par le doute, et par sa sagesse-sophia, entretenue par sa folie.

A chaque niveau, sur ces sortes de plaques tournantes d’un espace courbe sont inscrits les quatre Eléments en correspondance avec les quatre animaux apocalyptiques (17) d’Ezéchiel dans les signes cardinaux, essence de la réalisation marquant le début des saisons déterminées par les solstices et les équinoxes.

C’est l’axe cosmique, le moyeu immobile et immuable, NON-ETRE, des sphères zodiacales qui le met en mouvement ETRE, au centre de l’espace NON-ETRE mais ici conditionné par le Temps.

Là où se situe l’axe lumineux, dans lequel s’emboîtent les sept cieux, du NON-ETRE, à ‘la Racine de Tout’, c’est l’Ungrund-infondé de Boëhme, l’Aïn-soph infini des kabbalistes, sommet de l’Abîme, centre de la Totalité, point indéterminé car insaisissable.

De ce Feu primordial (18), un reflet igné Noûs s’est échappé et de ce souffle s’est créé le premier sénaire représentant le monde invisible et lointain qui est la Puissance et le second sénaire concernant le monde visible et proche : l’Acte, qui viennent d’être explicités.

En replaçant les valeurs cardinales au niveau du monde où l’avatar devient parfois ‘résidu’ d’une fausse couche des cieux, on pourra confronter, suivant la Tradition, ‘La Porte des dieux’ qui est la projection du Manque de l’Homme avec ‘La Porte des hommes’ ou l’humanité comme reflet des dieux dans lesquels elle s’est projetée.

Pour en rester aux signes cardinaux, on pourra alors opposer dialectiquement le Cancer au Capricorne. Dans ce premier signe, on voit l’être ‘du’ monde et pas ‘au’ monde, dans le second l’être ‘au’ monde et non pas ‘du’ monde (19).

Le Cancer correspond au rêveur en perpétuelle gestation qui se trompe d’histoire, qui est incapable de témoigner, donc qui ne fait pas le procès du monde. Face à lui, le Capricorne rend compte de l’ermite ou du dictateur qui se trompe aussi d’histoire mais il y a là un témoignage de l’être déphasé qui fait le procès du monde.

En quadrature, nous voyons les deux autres points formant une croix. Dans le Bélier, c’est le guerrier qui ne se trompe pas d’histoire, témoignage de l’être ‘pour’ le monde qui s’oppose au romantique de la Balance ne se trompant pas non plus d’histoire mais bien que ‘contre’ le monde il est incapable de témoigner.

Dans la correspondance avec les Séphiroth de la Kabbale (20), on voit par exemple Malchouth, Royaume réintégrant les valeurs des neuf autres Séphiroth sur Terre. Cette Terre-Géa placée ici entre Ouranos et Aêr comme Règne-Royaume-Royauté. Aêr est par ailleurs à Udôr (21) ce que le Pôle Nord est au Pôle Sud ou les Pieds au Sexe.

Il y a une rotation qui est ‘mouvement perpétuel’. Lorsque tourne la Fleur d’Or, le Tao est manifeste. La structure complète devient spirale dès que l’exigence de l’adepte l’actionne. Dès qu’il GRAVITE (de gradum : pas, et degradum : degré) les sphères gnostiques.

En s’élevant, le déchu tente de remonter ce que la Chute lui a fait descendre : les sept niveaux pivotants des ‘sept cieux’. En les traversant, il les perce quitte à se transpercer lui-même.

Sachant que toute manifestation est déterminée par L’Eon auquel elle correspond, le gnostique éveille en lui les possibilités de cet Eon qui sont la résonance avec le germe des Archétypes-Archontes, Souverains cosmiques des types primitifs, vivant dans l’Eon partenaire, reflet contraire mais complémentaire formant le couple en question. Le gnostique est le Mage qui s’absorbe en actionnant le Véhicule spirituel qui le conduit d’un sénaire à l’autre en traversant le Miroir. Mais dans ses réactions subversives, il doit savoir se garantir des ‘chocs en retour’. S’il lui reste des morceaux de miroir du Passé plantés dans le crâne, il titubera, s’écroulera peut-être par sa propre faute puis se redressera, mais cela n’a aucune importance au niveau cosmique. Le sable vole, le désert reste.

La pierre est tombée dans l’Abîme.

L’Homme a dégringolé dans les Gouffres.
Dans ‘la transmutation de toutes les valeurs’, ‘l’homme intérieur’, qui se traduira extérieurement par le statut social de ‘raté’, de ‘mal-aimé’, de ‘poète maudit’, va des gouffres à l’Abîme en aiguisant la Pierre angulaire de son être.
A la recherche de la ‘Pierre philosophale’, il explore l’espace de sa nature propre qui est identique à celle de l’univers.

Il glisse dans le Vide qui est à la fois Tohu et Bohu, stupeur et chaos dans la Nuit. Dans la solitude sur terre et le déchirement de son être aquatique, l’atroce et le sublime, la joie et l’angoisse le guettent.

Mais aussi la Pierre philosophale !…

L’illumination ? !…

DANIEL GIRAUD, ‘L’athanor’ – Pyrénées, Automne 1974.



NOTES

(1) Cette brochure n’est pas un ouvrage vulgarisateur et encore moins ‘commercial’ sur la Gnose. Elle est l’expression, le condensé d’une vision du monde que certains trouveront ‘personnelle’, mais la base en est traditionnelle. Bien que cet essai rende compte d’une manière de voir et de vivre dans un moment donné, il a paru nécessaire à l’auteur de l’exprimer. Il s’adresse d’ailleurs plutôt au lecteur qui a lu et ressenti ses précédents ouvrages : ‘L’être et le cosmos’, ou encore la brochure ronéotée ‘Manifeste Sophia’.

(2) ‘Numérations pures’, les Séphiroth-Bélima sont les dix nombres primordiaux ineffables : les dix aspects, en transformation, de l’Unité. Pour la clarté du diagramme, j’ai tracé les Séphiroth en correspondance avec les dix premiers Arcanes du Tarot à côté des sept niveaux zodiacaux. Il suffit que le lecteur replace l’Arbre de Vie dans les Eons articulés ; Par ailleurs, bien qu’ayant signalé les correspondances des niveaux gnostiques et kabbalistiques avec les chakras yogiques, j’en suis resté ici, volontairement, à l’aspect occidental de la Tradition ésotérique.

(3) Le mythe biblique de ‘la chute’ n’est qu’un aspect de cet écroulement.

(4) SIMON, ‘premier’ gnostique connu ayant élaboré une métaphysique vécue, est pris ici comme représentatif du mouvement gnostique, et en affinité avec l’auteur.

(5) Auprès des dix planètes connues, nous voyons : CERES, premier astéroïde, débris d’une planète éclatée dont l’orbite se situe astronomiquement entre Mars et Jupiter. Les anciens astrologues l’utilisaient souvent dans leurs interprétations. Quant à KAID, c’est la seule planète dite ‘hypothétique’ qui soit traditionnelle : elle est employée chez les astrologues arabes depuis bien longtemps. Par ailleurs, l’échelle des valeurs qui va être éclaircie n’a rien à voir avec les distances astronomiques. (Ainsi nous apercevons, par exemple, Uranus ‘au-dessous’ de Neptune alors que la planète Neptune se trouve pourtant plus éloignée dans notre système solaire).

(6) ‘L’homme et la femme ne font qu’une seule et même chair’ (Ephésiens, 5, 31).

(7) Les chakras, ‘roues’ subtiles de certaines régions du corps, sont des centres d’énergie éveillée dans le yoga.

(8) Noûs et Epinoïa (l’Esprit et la Pensée), Phoné et Onoma (la Voix et le Nom), Logismos et Enthymésis (la Raison et la Réflexion).

(9) Ouranos et Géa (le Ciel et la Terre), Hélios et Séléné (le Soleil et la Lune), Aêr et Udôr (l’Air et l’Eau).

(10) Dire pour ne plus parler et non parler pour ne rien dire… car la Voie ne peut être ‘nommée’ !

(11) C’est toujours Hélène-Séléné encore appelée ‘Athéna’ ou ‘Ariane’ que l’on rencontre engendrée par des ‘anges’ dont elle fut captive avant de se prostituer. Seul SIMON peut libérer cette conception maculée en faisant l’amour… avec amour. C’est Hélène qui fut à l’origine de la Chute de l’Homme et comme elle sera à l’origine de toute élévation et de tout effondrement de l’homme qui croira en elle. Dans la manifestation, elle pourra prendre inconsciemment le rôle de Lilith, maîtresse d’Adam et sœur de Lucifer. Et l’homme et le monde seront perdus. On peut revivre le mythe sans le savoir. Celui qui saura souffrira deux fois plus… Le symbole-conjecture est à reconnaître, exception vécue dans l’ordinaire.

(12) Les ‘miracles’ du thaumaturge SIMON, comme le fait de s’envoler dans les airs, ne sont que le phénomène extérieur (une valeur secondaire) de l’éveil d’une Puissance. Mais, dans la conjoncture actuelle, ce genre de prodige apprécié des foules impressionne même certains hommes pourtant guère superficiels.

(13) Lorsque le couple éprouve la phase separatio de l’Œuvre au Noir en Alchimie, la phase putrefactio est proche ! Les contraires ne se rencontrent plus pour se dépasser mais périclitent sans répondant. Il ne resterait plus qu’à vivre l’Œuvre au Blanc…

(14) Voir le onzième hexagramme du Yi king.

(15) Toutes les correspondances Tarot/Astrologie, etc… qui vont suivre ne sont pas systématiques. Les similitudes qui peuvent jouer ici pourraient s’avérer fausses ailleurs.

(16) Dans le Tarot de Crowley, ‘le Jugement’ (XXème lame) est : l’AEON !

(17) ‘Dieu’ est le double de ‘Diable’, tout comme ‘Jésus’ est le double de ‘Judas’. Ils ont tous fait rentrer la Lumière dans les Ténèbres. A ce sujet, dans le mythe occidental, nous voyons confondus par les exégètes bibliques YHVH et Elohim… Hors de toute apologie du monothéisme et de remplissage critique, on peut dire que YHVH est le principe ‘masculin’, transcendant de l’élan vital se réalisant dans le processus Elohim, principe ‘féminin’, immanent des puissances célestes.

(18) Qui seraient aussi les quatre évangélistes.

(19) Dans le premier mot de la Genèse : Béréchith (traduit inconsidérément par ‘Au commencement’ et qui signifierait plutôt : ‘Dans le Principe’, où l’on retrouve le nombre ‘6’, désir primordial de tout sénaire), il y a le mot feu : esch… Ce monde (et non ‘le’ monde) qui a ‘commencé’ par le Feu finira par le Feu… D’un point de vue gnostique, ce n’est pas seulement le septième jour que leur ‘Dieu’ aurait dû se reposer… mais aussi les six premiers !

(20) D’un point de vue gnostique, on peut dire que l’être (dans le monde) qui est du monde EST CE QU’IL DEVIENT dès sa naissance dans le monde : alors que (le monde dans) l’être, qui est au monde DEVIENT CE QU’IL EST dès sa – seconde – naissance à partir du monde.

(21) Il n’est pas question ici de retrouver la Main de Rigueur de la ‘Colonne de la Crainte’ et la Main de Miséricorde de la ‘Colonne d’Amour’. Les côtés positifs et négatifs en équilibre par la colonne centrale de l’Arbre ne jouent pas dans cette figure non statique (sans interprétation péjorative) mais structure-dynamis en rotation dans l’espace intérieur en mouvement. Il ne sera pas non plus question de retrouver les correspondances planétaires dites traditionnelles avec les séphiroth. Ces analogies ne sont pas adéquates, les sept planètes étant en déséquilibre par rapport aux dix séphiroth. (Aucune n’est par exemple attribuée à Hochmah, qui en tant que ‘père’, devrait être accouplé à la ‘mère’ Binah en rapport avec Saturne… Mais Jupiter, lui, est assimilé à Gédulah-Hésed !).

(22) Cérès est astrologiquement Vierge en rapport avec l’Elément terre et non pas Eau. Mais l’Eau qui intervient ici n’est pas celle de ‘l’Elément’, elle est attribut et fonction.

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