Gnosticisme - introduction


"Dormons-nous depuis des millénaires ? Vivons-nous dans un univers de mirages où le réel n'est que le reflet d'un monde même illusoire ? Et ce que nous appelons conscience n'est-elle pas en fait une inconscience, impuissante à rendre compte de notre condition ? Bref, vivons-nous vraiment ou sommes-nous pris dans un piège cosmique, une énorme machination qui a vicié nos corps, nos pensées, notre histoire pour nous interdire d'être vraiment des hommes ?"

Définir la Gnose... Chose difficile lorsque l'on sait que les premiers gnostiques avaient des visions tellement différentes, qu'il y avait à l'époque autant de Gnoses que de Gnostiques. La Gnose n'est pas un concept dogmatique et figé, mais de toutes les Gnoses qui ont existé ou existent encore, on peut dégager des lignes maîtresses communes, et surtout un but commun.

Les Gnostiques construisent leur image du monde sur la connaissance et non sur la croyance et la Foi. Ils voient dans la matière, et le monde auquel nous appartenons, le produit d'un démiurge ennemi de l'homme, différent du Dieu inaccessible. Et à leurs yeux la vie et la matière sont une oeuvre manquée, porteuse d'une imperfection originelle matériellement décelable, que seule la Gnose peut combattre. Mais si l'homme est imparfait, il porte aussi en lui une étincelle divine, un feu, quelque chose qui vient du Dieu inaccessible et qui échappe à la "malédiction" de ce monde. Le but des Gnostiques est de s'arracher à cette malédiction de la matière pour retrouver l'Unité avec Dieu, opérer une sorte de retour vers une patrie perdue : "Quand vous ferez le deux Un, et le dedans comme le dehors, et le dehors comme le dedans, et le haut comme le bas [...] alors vous irez dans le Royaume." (Evangile selon Thomas, Métanoïa, logion 22) C'est d'ailleurs pour cela que les Gnostiques se sentent aussi perdus sur Terre que des aliens échoués sur une planète inconnue.

La pensée Gnostique des premiers siècles, qui a vu le jour en même temps et dans les mêmes lieux que le christianisme naissant, s'est démarquée des autres courants de l'époque, "c'est une pensée profondément originale, une pensée mutante" (Les Gnostiques, Jacques Lacarrière). Les Gnostiques sont des insoumis, ils refusent un monde gouverné par des "ombres d'hommes", ainsi que ses lois. C'est pourquoi les Gnostiques ont toujours refusé d'obéir aux pouvoirs temporels, et qu'ils rejettent des institutions comme le mariage, la famille ou la procréation. Les Gnostiques sont des insoumis et des révoltés, et si on y regarde de plus près on peut même dire qu'ils ont été des anarchistes de la première heure.

Le but de la Gnose et de ses pratiques parfois choquantes (sodomie, pratique de l'amour libre, etc...) est de susciter en l'Homme une véritable conscience (dont sont dépourvus les "ombres d'hommes"), d'éveiller cette étincelle divine qu'il porte en lui afin que ses actes et ses pensées acquièrent la permanence et la rigueur nécessaires pour échapper aux sortilèges du monde. La Gnose est une recherche de vérité et de connaissance dont le but ultime est le retour à l'Unité avec Dieu (ou le Tout, ou autre nom que l'on veut bien lui donner), afin de ne plus être soumis aux cycles des réincarnations (réincarnation en laquelle beaucoup de gnostiques croyaient). La Gnose est à la fois une synthèse de plusieurs courants de son époque et une pensée totalement nouvelle. Mais les Gnostiques des premiers siècles étant contre toute forme d'histoire ou de postérité, ils n'ont laissé que peu de traces, et leurs "anti-sociétés" ont été éphémères pour la plupart, faute de structures et d'institutions. Ce "défaut" a été pallié par les Cathares, néo-gnostiques du Moyen-Age, qui se sont dotés de structures et d'une société parallèle afin que leur mouvement puisse perdurer.

Traitée d'hérésie par l'Eglise Chrétienne, la Gnose est en réalité l'arbre dont cette même église est un surgeon. Et si la Gnose avait eu un dogme, on aurait même pu dire que l'Eglise Chrétienne est une branche hérétique de la Gnose. Ceci explique les liens entre le Christianisme et la Gnose, et les récupérations ultérieures que les fondateurs de l'Eglise Gnostique Apostolique ont fait dans les sacrements chrétiens (voir Historique de l'EGA).


Les origines
Gnose signifie « connaissance parfaite ». Ce qui caractérise les mouvements gnostiques n’est pas cette « connaissance », que d’autres traditions prétendent aussi posséder, mais plutôt la définition de Plotin : « Ceux qui disent que le Démiurge de ce monde est mauvais et que le Cosmos est mauvais ».

Devant les prétentions extravagantes de certains auteurs gnostiques, les Pères de l’Eglise, suivis par les historiens anciens et modernes, ont nié l’existence d’un enseignement ésotérique pratiqué par Jésus et continué par ses disciples. Mais en pratique TOUTES les religions de cette époque avaient un enseignement ésotérique…

Selon les témoignages des historiens anciens, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du Jourdain à l’Asie Mineure que les sectes se manifestent à l’époque des apôtres, avec Simon à Samarie, Nicolas à Antioche. Mais c’est en Babylonie, véritable lieu de rencontre des religions aux alentours du début de notre ère, que l’influence des anciennes croyances mésopotamiennes, de l’Iran, de la Grèce et de l’Ancien Testament ont jeté les bases du mouvement gnostique. L’influence de l’Ancien Testament se fit à travers des textes apocryphes marqués de l’hellénisme. Parmi ces livres, le Livre d’Enoch est un des rares à nous être parvenu.

Vers 120, les sectes gagnent Alexandrie, autour de Basilide, Carpocrate et Valentin. Valentin se rendit à Rome, où sa gnose voila ses mythes orientaux d’une exégèse philosophique mêlée de christianisme. A Rome, des sectes fortement influencées par les éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes se propagent, notamment en Espagne.

En Asie, de nouveaux inspirés surgissent : Mani qui fera une vaste synthèse des nombreux enseignements, et Audi, un chrétien qui se sépara de l’Eglise après Nicée. De l’Orient, le gnosticisme s’étendit jusqu’à la Chine.

Parmi les sectes, on retrouve : les kantéens en Iran, la secte importante des séthiens disciples de Simon, les barbélognostiques, les archantiques, les ophites (ou naassènes) aux pratiques hérités des mystères grecs, les pérates, …

Il semble qu’il y ait eu un gnosticisme à l’intérieur même du judaïsme, contemporain des sectes gnostiques traditionnelles, et dont les échos allaient se perpétuer dans la Kabbale.


Les sources
La plupart des essais anciens ont, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents gnostiques originaux, hérité des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui combattirent les sectes, aux IV et V siècles, sans connaître mieux que des lambeaux de leurs doctrines déjà décadentes et sans tenir compte des mythologies orientales sur les vestiges desquelles le gnosticisme avait proliféré. Les sectes gnostiques étaient ainsi considérées principalement comme de simples hérésies nées du christianisme.

Des réfutateurs, les plus anciens témoignages datent de la bible elle-même, qui dénonce les hérésies et les faux prophètes, dont Simon de Samarie et le diacre Nicolas.

Pour la période jusqu’au III siècle, on ne possède que les récits des hérésiologues. L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause de ce flou, et des livres dont les titres changent d’une version à l’autre et dont les véritables auteurs restent anonymes.

Pour la période du III au V siècles, les sectes s’étaient étendues en Egypte, où le sable conserva des écrits en copte. C’est pourquoi on retrouva, à partir de 1800, des textes dans les nécropoles égyptiennes. L’Evangile de Marie, le Livre Secret de Jean et la Sophia de Jésus ont été achetés en 1896 en Egypte dans un même lot de parchemin. En 1947, plus de 40 écrits perdus furent retrouvés dans une jarre à Nag-Hammadi, dont en premier lieu des écrits des sectes orientales, mais aussi des apocryphes mêlant christianisme et gnosticisme. Mais cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l’époque, les textes y étant constamment remaniés et modifiés.

Très peu de monuments ou objets relatifs aux gnostiques furent retrouvés.


Destin du gnosticisme
Les condamnations de plus en plus dures de la part des églises chrétiennes obligèrent les sectes gnostiques (et les manichéens) à se cacher, puis à disparaître. Les bogomiles et cathares sont plus de simples résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques déguisés en apocryphes chrétiens que de vrais gnostiques. Des survivances plus sérieuses de la gnose la plus philosophique se cachent dans la littérature alchimique. De même il y a intercommunication entre la littérature kabbalistique et certaines doctrines du gnosticisme hellénisé.

En Orient, l’invasion de l’islam permit aux sectes de survivre. Aux confins de la Mésopotamie et de l’Iran certaines sectes survécurent jusqu’au XII siècle. En s’associant à l’islam, le gnosticisme donna naissance à l’ismaélisme.

source

pour allez + loin:
Catharose
lien01
lien02
Gnostic Friends Network

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo bel article,

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Anonyme a dit…

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